Une toute autre histoire
23 août 2021
Aujourd’hui, mon père a eu 90 ans.
Ce n’est pas rien, comme on dit. Lui-même répète souvent qu’il n’aurait jamais pensé vivre aussi vieux. J’espère que ça va durer encore un bon moment et si possible dans des conditions acceptables pour lui.
Il s’est beaucoup plaint ces derniers temps de ne plus rien pouvoir faire seul – même s’il reste exceptionnellement actif -, de s’ennuyer, de souffrir et d’être devenu un poids pour les autres. Je lui ai confié récemment qu’on finissait par s’habituer.
Il n’a pas souhaité fêter cette nouvelle étape, ce qui est respectable. En revanche, je me souviens qu’il y a dix ans tout juste, nous avions célébré en grandes pompes son 80e anniversaire. Mon père était alors encore un autre homme, alerte et encore plus actif.
Moi aussi j’étais un autre homme. Deux ans et demi après ce joyeux repas de famille, au cours duquel je prononçai un petit discours en hommage à mon géniteur, je me réveillerai dans le service réa de l’hôpital Neuro, que j’ai retrouvé étrangement il y a quelques semaines (voir billet précédent). Je m’y éveillai privé de ma mobilité, de mes rêves, de ce qu’il me restait de jeunesse et de pas mal d’autres choses.
Je n’avais certes pas du tout imaginé ça pour la suite, durant cet bel été 2011 où, à tout juste 47 ans, j’étais « en pleine bourre ». J’y vois l’occasion et l’envie d’effectuer un petit retour dans ma vie d’avant. Les souvenirs sont tenaces.
Si en 2011, d’un point de vue sportif, je ne manquais alors pas de souffle, j’en cherchais sans doute un second sur le plan affectif. Cette période était quelque peu confuse. En effet, tandis que je partageais ce repas d’anniversaire avec mon ancienne épouse M., que mon père avait absolument tenu à inviter, je pensais à F., dont j’étais une énième fois séparé, pour je ne sais plus quelle raison. Du coup, j’avais profité de cet intermède pour faire une brève apparition sur Meetic où j’avais rencontré la charmante C., avec laquelle je partageais de délicieux moments. J’aimais également beaucoup I., tout en étant sans nul doute secrètement amoureux de A.
Bref, tout ça pour retrouver finalement F. à la rentrée, qui un jour a sonné à ma porte. Elle était très douce et je l’aimais beaucoup (F., pas la porte). Porte que F. a d’ailleurs entrepris de repeindre à de nombreuses reprises après notre séparation l’année suivante (Tandis qu’elle enlevait régulièrement celle – la peinture – de ma voiture toute neuve). Mais ceci est une autre histoire.
Professionnellement, en revanche, tout roulait parfaitement en 2011. J’avais en tout cas le sentiment d’être en osmose avec mon associé et ami S., tous deux à la tête de notre petite entreprise depuis onze ans. Même si nos centres d’intérêts avaient légèrement différé au cours du temps, j’étais alors loin de soupçonner qu’il allait, dès l’année suivante, poser un pied du côté obscur et désormais décider seul de sa promotion interne. Mensonges, abus de confiance, abus de faiblesse, escroquerie…, c’est drôle, en les écrivant, je trouve ces termes toujours très violents et pourtant, je n’en ai pas d’autres à disposition dans mon vocabulaire usuel pour définir le truc.
Je ne sais pas ce qui est le plus élégant dans cette affaire : qu’il ait commencé avant mon accident, ou qu’il ait continué après. Mais ceci est une autre histoire (Il me faudra six ans pour m’en rendre compte…).
En 2011, le sport occupait, comme c’était le cas depuis une vingtaine d’années, une place centrale dans mon existence. Cet été là, j’avais fait exceptionnellement l’impasse sur les courses de l’UTMB fin août pour m’inscrire à la première édition de la Haute Route Cycliste entre Genève et Nice, avec mon vieux copain M. Quel souvenir !
J’avais donc organisé de longues vacances estivales préalables pour cumuler des bornes, durant lesquelles mes enfants et moi nous étions promenés entre ma maison actuelle en Bourgogne, (y invitant de bons amis que je ne reverrai plus ensuite), le chalet de S. (un autre) dans les Écrins, au départ duquel, j’avais pu repérer de nombreux cols, une location avec mon frère en haute Maurienne au pied de l’Iseran et enfin le modeste cabanon d’A. et de P. sur la Côte bleue. C’est d’ailleurs à Marseille que M. (mon ex épouse), mal remise d’une récente et douloureuse rupture, demanda l’asile durant ce séjour au cabanon. Je lui accordai bien volontiers pour quelques jours, en parfait gentleman, avant de la raccompagner à Lyon le week-end suivant. En la déposant devant son domicile, je la priai instamment de prendre soin d’elle tout en l’assurant qu’elle retrouverait prochainement l’amour. Ce qu’elle fit dès la semaine suivante en rencontrant S. (non, toujours un autre) qui est aujourd’hui son mari et le père de leur fille D., enfant de l’amour, née pile poil neuf mois après leur rencontre. C’est ce qu’on appelle un coup de foudre. Pour M. aussi, 2011 fut une année charnière. Mais, là aussi, c’est une autre histoire.
L’année suivante, en 2012, je confiai mon avenir et celui du pays à François Hollande. En 2013, je confiai ma vie à Chloé et en 2014, mon corps à la science, du moins au neuro chirurgien qui me rafistola comme il pût, puis aux Hospices civils de Lyon…Mais ceci est vraiment une autre histoire.
Je ne sais plus pourquoi je vous raconte tout ça.
Ah si, bon anniversaire Papa !
Purée, un vrai roman à l’eau de rose. C’est rafraichissant mais on s’y perd un peu. J’ai eu le plaisir de rencontrer F. mais je ne connaissais pas son amour de la peinture. Enfin si, un peu, tu m’avais raconté brièvement tes déboires. Pour le coup, tu as fini par rencontrer une perle.
Au final, le coup de S. ce n’est pas si mal, plus de mélange des genres, tu te retrouves seul aux commandes et tu as un super R. pour te seconder. Que demande le peuple ?
Bon anniversaire au padré.
Waouh je ne connaissais pas tout de tes déboires avec ce vilain mec qui fût ton »associé ». Après bien des hésitations et une voiture rayée tu as choisi la merveilleuse Chloé qui en plus de son amour et sa gentillesse t’a donné une merveilleuse Agathe.
Jean a 90 ans et toujours prêt à bricoler. Il est certainement moins alerte mais il n arrête pas.
Alors bon anniversaire à ton padré et bonne soirée à toi et ta belle famille. Bisous
Voilà bien (trop) longtemps que je ne vous ai lu. Merci Jacqueline du partage. Bon anniversaire à votre papa. Votre verve est toujour là, l’humour aussi.
La puce a dû bien grandir. Au plaisir.
Wsouh il s’en est passé des choses. L’alphabet a 26 lettres, quelle chance c’est accueillant On notera que si les S sont surreprésentés il y’a aussi bcp d’autres acteurs plus ou moins de passage.
Alors I , pH et leurd « petits » sont tjrs la , de loin en loin mais fidèles, attentifs et attendris. Bon anniversaire à J
Ce blog est une véritable tuerie littéraire !
Si je savais écrire aussi bien, j’aurais terminé mon autobiographie depuis bien longtemps !
Ensuite je ne suis pas spécialement impressionné par le parcours étant donné que je suis passé par là aussi à une exception près, je ne suis que paraplégique et ai eu la chance de ne pas avoir eu de deuil à surmonter.
C’est donc sur ce point où j’ai énormément de compassion et que je salue votre courage MONSIEUR ! Oui, en grande lettres !
On a énormément de points communs, jusqu’au goûts musicaux. Sauf le fait que le sport, pour moi, consiste à du lever de palettes Europe, de bastaings, planches de chênes ou encore métaux lourds pour allier mes passions dans le bricolage, traverser l’atelier à toute vitesse en sautant les marches tant en descendant qu’en montant.
Encore une fois, j’ai la chance de n’être QUE para !
Bon courage à vous pour la suite !
Votre nouvel ami Facebook,
David Beaudoin de leparaplegique.com (si avec tout ça, vous ne me remettez pas, je veux bien perdre une jambe)
Vu de toutes les couleurs,
vu quasiment toutes les lettres,
mais pas de Q côté accident vélo.
de A comme Accident
à Z comme repartir à Zéro
avec parfois un moral au même niveau,..
mais heureusement il y a l’écriture
qui permet de dire ce que tu endures,
mais aussi ces petits moments de bonheur,
même fugaces, qui réchauffent le coeur
et aide à être résilient
Je pleure de te lire… c’est trop émouvant.La photo de ton papa est absolument magnifique : as-tu remarqué qu’il a la même inclination que les plantations qui sont juste à côté? c’est d’une incroyable beauté . J’attends « les autres histoires » avec impatience…elles ne sont sans doute pas aussi intéressantes à raconter que la tienne ?
je t’embrasse Michel.
Bel automne. Bientôt bel hiver;